hoax et authentiques creusois ...
Selon, la légende, la recette du creusois aurait été découverte en 1969, dans les ruines d'une abbaye, lorsqu'on en extrait un parchemin du XVème écrit en vieux français où il est fait mention de "gâteau cuit en tuile creuse".
Ca tombait bien, puisque l'association des pâtissiers creusois, cherchait justement un gâteau "emblème" de la région. Ils modifièrent donc légèrement la recette qu'ils appelèrent "Creusois" (car... "cuit en tuile creuse". Quoi? Ah, oui) et en firent une marque déposée. Bref, le Creusois était né.
Donc quand on cherche une recette de creusois sur internet, une flopée d'authentiques creusois se battent pour être celui qui détient la "vraie" recette, du vrai parchemin, des vrais moines de Creuse.
Sauf que...
Sauf que c'est marrant, mais ma grand-mère sorcière vient aussi de Creuse et elle a toujours cuisiné ce gâteau.
Et elle appelait ce gâteau un creusois, parce que c'était vraisemblablement un gâteau typique de la Creuse.
Au début, j'avais même du mal à croire à la version parchemin, pensant à une mise en scène intégrale de l'association des pâtissiers creusois. Bref, un hoax des années 70 avec faux parchemin à l'appui. En effet, la recette du manuscrit parle de sucre et de beurre, les mesures sont en "poignées" et en "double de" ou "autant de", et le tout est cuit dans une tuile.
Or, les moines du XVème avaient à mon avis un accès TRES limité à des denrées telles que le sucre (la production venant des plantations des îles -Napoléon n'ayant pas encore découvert la betterave picarde!) et les règles monacales étaient particulièrement strictes, observant à l'année (sauf les jours gras) les principes alimentaires de non-consommation de produits animaux (comme le beurre, par exemple).
En outre, ils étaient néanmoins au courant des unités de mesures et de poids qui avaient cours depuis les romains déjà... aussi les termes vagues tels que "poignée" et "un peu de" sont-ils plus que louches dans le vocabulaire d'un lettré couchant une recette sur parchemin.
Enfin, l'idée farfelue de cuire le gâteau dans une tuile "creuse", alors que les moules (à tarte, à gâteau, à dariole, à gaufres etc.) sont déjà monnaie courante au moyen-âge (et même avant)... et que les tuiles typiques de la région sont de petites tuiles de terre plates...
Tout ça sentait un peu le coup de marketing mal ficelé du début des années 70.
Mais bon, il semble que le manuscrit existe bel et bien puisqu'il serait exposé au musée de Croq.
N'empêche.
N'empêche que la recette du manuscrit est assez mauvaise et celle des pâtissiers creusois plutôt bof.
Pour faire mon creusois (de "creusois": originaire de la Creuse), j'utilise la recette de ma grand-mère dans laquelle j'ai remplacé la farine blanche par de la farine de châtaigne, qui en plus de se marier parfaitement avec la noisette était utilisée en Creuse -comme en Corse- pour fabriquer le pain les jours de disette et remplaçait bien souvent la farine blanche.
.......................................................................................................................................................................................
Gâteau creusois
Ingrédients:
125 g de noisettes fraîches
125 g de sucre de canne complet
100 g de beurre doux
75 g de farine de châtaigne
5 blancs d'oeuf
Préchauffer le four à 175°C.
Faire fondre le beurre dans une casserole.
Mixer ensemble le sucre et les noisettes pour obtenir une poudre fine et ajouter la farine tamisée. Ajouter ensuite le beurre et mélanger.
Monter les blancs en neige et les incorporer délicatement au mélange.
Verser dans un moule rond et enfourner 20 à 25 minutes. La pointe d'un couteau doit ressortir sèche et la croûte doit être dorée.